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Je suis en avance. Ce matin, la maison du pêcheur est privée d'électricité alors on me demande d'attendre un peu adossée au mur de la maison. Devant moi, le dispensaire ; un peu plus loin l'école Cheikh Touré. La rue est encore endormie.
Il fait sombre.
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Notre pirogue part récupérer la pêche des cinq filets laissés hier à environ 4 km des côtes.
J'ai dit à Arona N'Diaye, que je n'étais pas malade en mer. C'est vrai, je n'ai jamais été malade.
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Les filets repérés grâce aux balises. On va les remonter.
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Ismaël et Moulay Mbaye
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Le moteur est arrêté. Les pêcheurs remontent les filets. Problème des méduses hautement urticaires, coincées dans les mailles. Ismaël me voyant me rapprocher des filets pour photographier me crie : - Met tes verres, met tes verres...
Pas besoin de poser la question, une projection vient de m'arriver sous l’œil et ça brûle. Les marins ont de graves problèmes d'yeux à cause de ça. Mais c'est difficile de travailler avec des lunettes, car on y verrait plus rien au bout de trois minutes, alors ils ne le font pas.
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J'ai mes "verres". Je n'y vois presque plus rien. Les projections envahissent l'objectif, tout se trouble. Je continue, on verra bien.
Je repense à la question d'Arona : - Es tu sûre de ne pas être malade en mer, les pêcheurs n'aiment pas ça !
Oui je suis sûre ! J'ai pêché toute ma jeunesse avec mon grand-père, je n'ai jamais vomi. Mais voilà que là, je sens mon cœur chavirer. Ca bouge pas mal, la vue des poissons morts, leur odeur, le ventre vide... Et voilà.
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L'air malicieux, Ismaël me taquine : - Arona va m'entendre, je vais lui dire que tu as vomi ! À mon retour, au téléphone, quand je dirai à Arona que je suis rentrée, que tout s'est bien passé, il demandera : - Tu n'as pas été malade ?
- Heu, si !
- Noooon ! Ah la la, je vais être la risée de tout le quartier !!!
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Le travail en mer est devenu difficile. La pêche artisanale ne fonctionne plus comme avant. Trop de licences illicites vendues par des fonctionnaires de l'état peu soucieux de l'avenir de leurs pêcheurs.
Trois états membres de l'Union Européenne au moins, se trouvent impliqués par ces autorisations de pêches illicites octroyées depuis 2010.
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Les trop petits poissons extraits du filet et rejetés en mer font le régal des oiseaux.
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Je rencontre en ville un homme qui me raconte le travail sur le bateau usine.Des campagnes de pêche qui durent trois mois ou plus. Des accidents fréquents tant les hommes s'épuisent dix heures par jour sur leurs pirogues qu'ils remontent chaque soir sur le cargo.
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Pêche à Guet Ndar, Saint-Louis du Sénégal
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Cela a commencé par les sons, ceux des petits balais qui grattent le sol. Pffft... Pffft... De frêles silhouettes s'agitent en une chorégraphie toute en douceur. Ce sont les jeunes femmes qui nettoient la rue. Puis viennent les charrettes à chevaux avec leurs grelots, les piétons, les pêcheurs en cirés... L'éveil de Guet Ndar est fascinant. Six heures du matin, un café Touba dans le ventre, j'attends le chef de pirogue qui va m'amener en mer. Je suis en avance. Ce matin, la maison du pêcheur est privée d'électricité, alors on me demande d'attendre un peu. Je m'adosse au mur de la maison. Devant moi, le dispensaire ; un peu plus loin l'école Cheikh Touré. La rue est encore endormie. Il fait sombre. Sur la plage, des marins, des gamins, viennent prêter main forte à notre équipage pour glisser la lourde pirogue dans l'eau. La barre est franchie avec tant d'aisance par le capitaine aguerri que nous sommes déjà au large. Je ne me suis aperçue de rien. Le temps est gris, le vent souffle. L'hivernage approche. Le poisson va se faire de plus en plus rare me confient les hommes. Notre pirogue part récupérer la pêche des cinq filets posés hier à 4 km environ des côtes. Ismaël et Moulay Mbaye vont les remonter, ils les auront repéré facilement grâce aux balises. Le moteur est arrêté. Les filets sont plein de méduses hautement urticaires coincées dans les mailles. Ismaël me voyant m'approcher pour photographier me crie : - Met tes verres, met tes verres... J'ai vite compris, une projection vient de m'arriver dans l’œil et en effet ça brûle. Les marins ont de graves problèmes d'yeux à cause des méduses. Mais c'est impossible de pêcher avec des lunettes, ils n'y verraient plus rien au bout de trois minutes avec la purée de méduse. J'ai mis mes "verres" et je n'y vois déjà presque plus rien. Les projections envahissent l'objectif, tout se trouble. Je repense à la question d'Arona ce matin, avant de partir : - Es tu sûre de ne pas être malade en mer, les pêcheurs n'aiment pas ça ! Ils ne pourront pas rentrer à cause de toi. - Oui, j'en suis sûre ! Jamais je n'ai vomi en mer. Mais voilà que je sens mon cœur chavirer. Ça bouge, la vue des poissons morts, l'odeur, le ventre vide... L'air malicieux, Ismaël me taquine : - Arona va m'entendre, je vais lui dire que tu as vomi ! À mon retour, au téléphone, quand j'annoncerai à Arona que je suis bien rentrée de mon équipée, il me demandera : - Tu n'as pas été malade ? - Heu, si ! - Noooon ! Je vais être la risée de tout le quartier !!!